Notice sur les vitraux de l’abbé Deligny
(Eglise Saint-Denis de Rémy.)


L’auteur :

Plusieurs des vitraux de Rémy sont des œuvres très intéressantes par leur originalité. Elles sont l’œuvre de l’abbé Deligny, abbé né à Francières en 1808. Après avoir officié à Jonquières de 1834 à 1861, il vint à Rémy ou il resta jusque vers 1880. Il mourut à Compiègne en 1887 et fut enterré dans le cimetière de Rémy où se trouve toujours sa tombe, surmontée d’une grande croix.

La tombe de l’abbé Deligny à Remy

Cet abbé infatigable était désolé de voir tant d’églises dévastées après la révolution française et manquait de fonds pour ces réparations. Aussi, il entrepris de concevoir, réaliser et remettre en place des verrières par lui-même.

Ne pouvant bénéficier de l’expérience de maîtres verriers, il réinvente des techniques, en trouve de nouvelles. Cet autodidacte utilise des morceaux de verre colorés parfois de récupération !

Une œuvre originale :

Les verrières de l’Abbé Deligny réunissent des qualités de luminosité et de juxtaposition de couleurs qui réjouissent notre vue. Ce style que l’on peut qualifier de  » naïf  » utilise des verres ordinaires non gravés et non peints. Il y a peu ou pas de représentation humaine ; l’auteur utilise un symbole, un détail pour évoquer plutôt que pour décrire. Par exemple, ce n’est pas Judas pendu qui est représenté sous la légende  » Il s’est pendu avec une corde. « , mais un arbre et une corde. Ce parti pris de simplicité facilite la lecture chromatique du vitrail, mais par contre demande un peu de connaissance pour interpréter les symboles choisis.

D’une certaine façon l’abbé Deligny va relancer l’art du vitrail alors démodé et oublié : le règne de Louis-Philippe ne nous a pas laissé beaucoup de vitraux.

A l’époque de Napoléon III, son style diffère complètement des maîtres verriers de l’époque qui réalisaient des vitraux  » tableaux  » ou en imitation du style gothique. Il est décrié par ses contemporains.

Des vitraux plusieurs fois restaurés.

Les vitraux et l’église de Rémy ont beaucoup soufferts des deux guerre mondiales. En 1914 puis en 1918, Rémy est pratiquement sur la ligne du front. Après la guerre, les vitraux sont restaurés une première fois. L’étendue des dégâts et donc la première campagne de restauration est assez modeste.

En Juin 1940, on se bat à l’entrée du village et l’église reçoit plusieurs obus ou bombes. Des réparations mineures sont apportées (architecte D.Paquet).

Les vitraux ont été soufflés lors de l’explosion d’un train de munitions allemand le 2 Août 1944. Les témoins décrivent les vitraux comme en morceaux, à terre. Les restaurations ont été importantes, même s’il est généralement difficile de faire la part de la restauration des années 1950. (Atelier Stevens).

Les vitraux de l’abbé Deligny, leur authenticité:

Les quatre vitraux de l’ancien transept, au Nord et au Sud sont de l’abbé Deligny. Les cinq verrières du cœur le sont aussi, soit neuf verrières.

Peut on penser que l’abbé avait réalisé d’autres vitraux dans cette église qui ont disparus à la fin du XIXème siècle ou au cours du XXème siècle ?

Difficile de rien affirmer tant les indices sont faibles :

  • Les grandes verrières du transept renaissance n’ont probablement jamais accueilli de réalisations de l’abbé Deligny. En tout cas, dès 1903 elle ne contenaient que de banals verres blancs entourés d’une bordure colorée.
  • Sur la façade, il est fort possible que des vitraux de l’abbé Deligny aient existé. Des clichés de 1935 le font croire : on y aperçoit des motifs géométriques non figuratifs avec sur les cotés les colonnettes de verre colorées typiques de l’abbé Deligny. Sur un cliché des années 20 on voit que l’un de ces vitraux est déposé (coté Nord).
  • Pour les verrières des bas coté Nord et Sud de la nef, je ne dispose à ce jour d’aucun indice.

Pour les verrières de l’abbé Deligny, on peut considérer que :

  • Dans le transept, au Sud, le vitrail est tout à fait dans le style de l’abbé Deligny. Les bordures et motifs fruitiers sont typiques. Cependant, ce sont deux verrières qui ont forcément beaucoup souffert de l’explosion car les plus directement exposées.
  • Dans le coeur, toujours au Sud, vous trouvez un vitrail mariant les verres colorés et les verres transparents. Il est très proche de la composition originale. Cependant celle-ci comprenait une densité double de motifs sur les instruments cultuels. Il y avait un motif par carré de verre et non un sur deux. Photos
  • Le vitrail suivant, le vitrail de la passion, est très proche de son état original. Un médaillon (sur 20) ne semble pas être d’origine (la flagellation). Ce vitrail fait l’objet d’une description détaillée plus loin.
  • Le vitrail central est indubitablement de l’abbé Deligny. Avant 1940, le bas de la verrière était muré. Ceci nuisait à l’esthétique de l’ensemble, aussi la rangée la plus basse est un ajout récent aux tons bleus nettement différents des originaux.
  • Le vitrail suivant, le vitrail consacré à la vierge est largement authentique. Cependant plusieurs médaillons ne sont pas d’origine ou ont été fortement modifiés. Ce vitrail fait l’objet d’une description détaillée.
  • Pour le dernier vitrail du cœur au nord, nous ne disposons pas d’éléments sur le contenu primitif. Il est tout à fait dans le style de l’abbé Deligny.
  • Pour les 2 vitraux du transept Nord, nous les croyons d’origine mais sans preuves formelles.

En fait, nous ne disposons pas de relevé du contenu des vitraux établi avant la seconde guerre mondiale. Si jamais vous disposez d’éléments permettant de compléter cette étude de l’authenticité des vitraux, n’hésitez pas à nous en faire part !


Etude des vitraux les plus significatifs de l’abbé Deligny:

Le vitrail de la passion 
Le vitrail de la Vierge Marie 
Le vitrail de l’ancien testament 
Le vitrail des sacrements


Signature de l’abbé Deligny