REMY AU MOYEN AGE 

Il est fait mention de Rémy, dans des actes de 1156 et 1162, où le pape confirme à l’abbé de Saint Corneille, la possession de la dîme de cette paroisse. En mars 1245, Gaultier de Châtillon céda la terre de Rémy au roi Louis IX (saint Louis) qui la légua à son sixième fils, Robert de Clermont.

Zone frontière, la Picardie joue sur le plan militaire un rôle important ; un château fortifié est construit à Remy par les suzerains des comtes de Clermont (XIIIème siècle).

Le château fort se dressait au nord-ouest du village à un emplacement situé à l’angle de la rue de Francières et de la rue de l’église.

Au Moyen Age, le château présente un ensemble de tours, tourelles, toits et pignons crénelés. La porte d’entrée, accompagnée de barbacanes (ouvrages avancés percés de meurtrières) est surmontée de trois tourelles en poivrière.

Au-dessus de la tour principale, un donjon domine le village de ses 26 mètres de haut. Le château est de forme elliptique (57m x 44m), sa muraille crénelée est protégée par un double fossé. Il y a deux chapelles à l’intérieur de l’enceinte du château.

A la veille de la Guerre de Cent ans, Remy est un bourg rural relativement prospère et la population atteint déjà 1700 personnes !

Pendant la guerre de Cent ans, la région est dévastée. Le château est une première fois aux mains des Anglais en 1358. Peu de temps après, il est repris par les troupes de Charles V aidées par les compagnies d’archers de Compiègne.

Le château fort de Rémy est aussi occupé par les Anglais au moment où Jehanne d’Arc est à Compiègne. Jehanne est venue pour secourir la ville assiégée par les Anglais à l’ouest et par les Bourguignons à l’est. Après sa capture en mai 1430, peu après son arrivée, les Anglos-bourguignons sont décidés à entrer dans Compiègne.

Le siège dure plusieurs mois, la population est privée de tout, la ville est à bout (octobre 1430). Cependant, des secours français commandés par le maréchal de Boussac, arrivent et mystifient les anglais en regroupant leur armée à La Croix-Saint-Ouen, tandis que des vivres et quelques troupes atteignent la ville par la forêt. Pendant que les anglais et bourguignons tentent vainement de combattre l’armée française qui se dérobe; les assiégeants du Sud restés près des remparts sont attaqués par les troupes de la ville et celles de la forêt. Ils sont tués, capturés ou chassés.

Dés lors, le siège n’a plus de sens. Les bourguignons et les anglais se replient, le maréchal de Boussac reprend le château de Remy.

Lors des guerres de religion, il est assiégé puis investi par Charles d’Humières . Des habitants sont pendus, le village livré au pillage.

Tout au long de son histoire, le château est le siège d’une prévôté (cour de justice locale). La justice est assurée par un bailli, et son lieutenant, un prévôt, des avocats et un greffier.

Le château, depuis longtemps en mauvais état, est démantelé pendant la Révolution française. En 1815, on pouvait encore voir la porte d’entrée de forme ogivale, flanquée de deux tourelles, celle de gauche un peu moins élevé, servait alors de prison.

De nos jours, il ne reste que quelques vestiges : la base des murailles et les fossés sont encore visibles, l’entrée d’un souterrain, quelques éléments d’une salle des gardes (?) subsistent.

Les paysans de Rémy participent à la Jacquerie (révolte paysanne partie de St Leu d’Esserent). La révolte est écrasée dans le sang en quelques semaines (1358). Deux ans plus tard, le chef des insurgés de Rémy obtient le pardon royal, à condition de faire un pèlerinage à Boulogne sur mer.

Le village sort ruiné de toutes ces épreuves.

Note : 
Vers 1560, le gouverneur du château de Remy était Guillaume de Jars. Sa fille appelée Mademoiselle de Gournay (1565-1645) a écrit plusieurs ouvrages dont L’ombre ou les présents de la demoiselle de Gournay. Elle était liée d’amitié avec Montaigne qui vint plusieurs fois séjourner à Gournay (1588). Elle était reçue à la cour du roi Henri IV et protégée par le cardinal Richelieu. Elle défendait l’égalité des sexes dans plusieurs de ses ouvrages, ce qui n’était pas banal à son époque.
Contemporaine et voisine d’Abraham Ravaud, auteur comme elle, (voir personnages célèbres), on peut penser qu’elle a du le rencontrer.
Source : Tallemant des Réaux – Historiettes ; Editions La Pléiade.

Parmi ses oeuvres:
· Le Proumenoir de M. de Montaigne, par sa fille d’alliance. Paris: Abel L’Angelier, 1594
· Bienvenue de Monseigneur le Duc d’Anjou. Paris: Fleury Bourriquant, 1608
· Adieu de l’Ame du Roy de France et de Navarre, Henry le Grand a la Royne, avec la Defence des pères Jesuites. Paris: Fleury Bourriquant, 1610
· Versions de quelques pièces de Virgile, Tacite et Saluste, avec l’Institution de Monseigneur, frère unique du Roy, par la Damoiselle de Gournay et M. Bertaut, éveque de Seez. Paris : Fleury Bourriquant, 1619
· Egalité des hommes et des femmes. A la Reyne, 1622 
· Remerciement au Roy. 1624
· Grief des dames. 1626
· L’ombre ou les présents de la demoiselle de Gournay