Le Capitaine Jean Lacombe,
Chef de la 5ème Escadrille du GC III/7
Le 21 mai 1940, le Capitaine Jean Lacombe tombait au champ d’honneur au cours de combats aériens où les aviateurs français tentaient d’endiguer les attaques des avions allemands qui par centaines sillonnaient le ciel.
Jean Lacombe commandait la Vème escadrille du groupe de chasse III/7 formé en mai 1939 à la veille de l’embrasement de la seconde guerre mondiale.
Il avait choisi pour insigne de son escadrille un crocodile, par reprise de l‘emblème d’une escadrille de 14-18, la SPA152.
Dessin choisi par J.Lacombe :
Ancien élève de l’école supérieure d’aéronautique, il appartenait à l’aviation de bombardement quand il reçut le commandement de son escadrille. Il n’avait pas trente ans. Pilote fougueux, plein d’entrain, il sut par son exemple animer son unité pourtant bien mal équipée. En effet, son escadrille était équipée de douze avions Morane 406 .
La vitesse des Morane 406 (460 km/h au mieux à 4000m d’altitude) et leur armement insuffisant: un canon dans l’axe du moteur et deux mitrailleuses d’ailes les placent dans une situation d’infériorité critique par rapport aux adversaires de la même catégorie : le Messerschmitt 109 (580 km/h, deux mitrailleuses et deux canons) et les Messerschmitt 110 (550 km/h, cinq mitrailleuses et deux canons). De plus, la faible réserve de munitions des Morane ne leur laisse que quelques secondes de tir possibles.
La drôle de guerre (sept 39-avril 40) est une période peu active : le petit nombre des vols de pénétrations allemand, l’hiver rigoureux, les vaines poursuites n’apportent pas beaucoup de succès.
Le 10 mai 1940, l’offensive à l’Ouest des allemands se déclenche. Attaques sur la Belgique et la Hollande tout d’abord ; puis le 13 mai les blindés allemands franchissent la Meuse et percent le front français avec la possibilité, soit de foncer sur Paris, soit de prendre à revers les forces françaises qui se sont engagées en Belgique. Ces assauts sont appuyés par des bombardements d’avions en altitude et en piqué ainsi que par des chasseurs.
Dés les premiers jours, l’escadrille du Capitaine Jean Lacombe est engagée pour s’opposer à leurs attaques. Le 14 mai, en moins d’une heure, il contribue à trois victoires sur des ‘Henschel 126’, avions d’observations qui sont les yeux fidèles des blindés, de l’artillerie lourde, des Stukas.
Il ‘contribue’ car ce sont des victoires acquises à plusieurs. Sur le premier Henschel, ce sont sept chasseurs qui effectuent chacun une passe, avant de voir l’appareil se disloquer et s ‘écraser, sur le second il sont quatre, et sur le dernier à nouveau sept.
Laissons le Capitaine Lacombe raconter sa troisième victoire : » A 2000 mètres, la patrouille I (la sienne composée de deux avions) attaque la première. Le Henschel se met en virage et effectue un retournement. Les patrouilles I et II relayent l’attaque. Puis je le reprends dans son dernier piqué, le rattrape, le tire en rase-mottes et je le suis jusqu’à ce que l’avion se soit écrasé dans un bois entre Attigny et Sedan. […] 80 Obus et 800 balles tirés, deux balles reçues dans mon avion « .
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Hélas, la situation pour les armées françaises empire. Le 21 mai, les blindés allemands sont à Abbeville. Comme chaque jour depuis le 10 mai, les chasseurs sont engagés.
A 17h50, les patrouilles du groupe de chasse III/7 décollent d’Orly avec pour mission de protéger la gare de Creil. Peu après l’arrivée sur le secteur assigné (Estrées/Compiègne), les chasseurs aperçoivent une importante colonne de bombardiers ennemis revenant de Creil. Il y a là au moins 50 bombardiers protégés par autant de chasseurs étagés entre 1500 et 3000 mètres. Les Morane partent à l’attaque des bombardiers, les Bloch 152 d’un autre groupe font face aux Me 109 dont la supériorité numérique est écrasante.
Le Capitaine Lacombe s’est accroché dès le début à l’expédition ennemie. Grièvement blessé au cours des combats tournoyants qui s’ensuivent, il se jette dans le vide, mais peut être inconscient ou assommé en sortant de l’avion, il n’ouvre pas son parachute.
Ainsi s’achève la vie de ce valeureux pilote.
Son corps repose toujours au cimetière de Remy:
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Une escadrille pépinière de courageux et valeureux pilotes
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Il faut souligner l’extraordinaire combativité qui émanait de son escadrille : sur les 19 pilotes de l’escadrille, 11 furent tués ou grièvement blessés pendant la campagne de France (mai/juin 40).
Trois des survivants emmenèrent leur avion en Angleterre dès l’armistice où il constituèrent le premier groupe de chasse de la France libre (trois avions !).
Un de ces trois pilotes, A.Littolff, devint le second de la fameuse escadrille Normandie-Niemen et fut tué en combat aérien sur le front russe en 1943.
Le deuxième mourut accidentellement aux commandes de son avion fin 1940.
Enfin, le troisième d’entre eux fut prisonnier des forces de Vichy, déporté en Allemagne, puis s’évada et termina la guerre en combattant au sein des partisans tchécoslovaques….
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Photo de l’escadrille
Au centre, le lieutenant Jean Lacombe (nov. 1939). Il fut nommé capitaine en mars 1940. Devant lui, le docteur Alirot qui porte sur sa tête l’emblème de l’escadrille: un crocodile. L’adjudant Littolff est debout à gauche.
Photo prise à Vitry le François, début 1940.
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L’origine du crocodile: la SPA 152 de 1918.
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Aujourd’hui
Une unité de l’Armée de l’Air a repris les traditions de l’escadrille de Jean Lacombe et de la SPA 152:
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Sources : Archives de l’armée de l’air/Fana de l’aviation N°314
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