L’histoire de Lee Houston Braly a été racontée ainsi dans la presse américaine (traduction par nous-même).


Article parut dans un journal de Californie en 2016.

Gordon McCoy, un résidant de Linden, pilote de chasse de la Seconde Guerre mondiale en Europe, qui pilotait des avions P-38 Lightning et P-51 Mustang, a contribué à préserver la mémoire d’un aviateur.

Il y a environ 20 ans, lui et ses collègues aviateurs vétérans de la Seconde Guerre mondiale, ont collecté des fonds pour remplacer des vitraux dans une église vieille de 700 ans brisés lors d’un raid aérien sur Remy, en France. McCoy, décédé en 2001, était un agriculteur certifié biologique et produisait sur deux hectares des fruits et des légumes destinés aux marchés de Sacramento à la région de la baie de San Francisco.

Logo de l’association Windows for Remy

Il a également été trésorier de «Windows for Remy, France, Inc.», une société à but non lucratif qui était l’organisation de collecte de fonds de la 383ème  escadrille pour le projet de restauration.

«La plupart d’entre nous qui étaient impliqués à l’époque pensaient que l’histoire de ce pilote et de ce village était digne d’intérêt et après toutes ces années, nous pensons toujours que nos efforts méritent l’appui du public», a déclaré McCoy dans une interview accordée à The Herald en 1996 :

L’histoire commence avec Houston L. Braly Jr., aviateur de la Seconde Guerre mondiale, né à Brady, au Texas, qui perdit la vie dans un raid sur Remy le 2 août 1944.

Le génal Grithworth commandait la 8ème Air Force

Le brigadier général Francis H. Griswold écrivit plus tard une lettre au père de Braly en octobre 1944 décrit le mieux l’incident:

«Un membre de mon commandement a récemment visité le village de France où votre fils, L.Houston Braly, Jr. a perdu la vie le 2 août. Il m’a rapporté ce qu’il avait trouvé là-bas.

«À la gare de chemin de fer du petit village de Remy, à environ cinq miles à l’ouest de Compiègne, un train de troupes allemandes extrêmement camouflé avait été stationné pendant huit jours. En raison des attaques incessantes des avions sur les voies ferrées le jour et du sabotage du maquis la nuit, ils n’osaient pas le déplacer.

«Les membres de la résistance qui ont transmis le message vivaient à moins de cent mètres du train. Cependant, il est douteux que ce message soit parvenu en Angleterre, car on pense que l’attaque qui a suivi a eu lieu au cours d’une patrouille de routine de la région.

«Le 2 août, vers 17 h 30, les Lightnings sont arrivés.

En les entendant s’approcher, les troupes allemandes se cachèrent dans des fossés, derrière la gare et sous les wagons. Un capitaine allemand a utilisé une mitrailleuse.

«Quatre avions ont attaqué. Avec toutes les armes en feu, ils ont mitraillé le train d’un bout à l’autre. Trois des avions étaient déjà passés lorsque l’explosion s’est produite. Le quatrième était piloté par votre fils.

«Au moment où son Lightning est passé, le train a explosé.

Personne ne sait exactement ce qu’il y avait dans le train, mais d’autres unités de l’escadron offrant une couverture supérieure à environ 3 kilomètres d’altitude ont été violemment secoués. Les débris étaient éparpillées sur une zone de deux kilomètres de circonférence.

Un morceau de rail de 25 mètres de long a été retrouvé à plus de 1500 mètres du lieu de l’explosion.

Là où était le train…

«Le trou creusé là où se trouvaient les wagons est presque de leur taille et il ne reste que peu de choses de la gare à part un tas de gravats.

«Des maisons ont été rasées dans tout le village et beaucoup ont été gravement endommagées, mais un seul civil a été tué. Au moins 50 Allemands auraient perdu la vie et de nombreux autres blessés. (Cependant, il y en a peut-être eu plus car les Allemands ont tenté d’empêcher tous les civils de se rendre sur les lieux).

«La ligne de chemin de fer n’a plus jamais été utilisée depuis.

«L’avion de votre fils était très bas au moment de l’explosion et s’est enfoncé dans le sol à quelques centaines de mètres de la scène. Il a été tué sur le coup.

Le maire de Remy avec un général américan près de la tombe fleurie

«Les citadins l’ont enterré dans la meilleure partie du cimetière du village. Au-dessus de la tombe, ils ont érigé une des pales de son hélice sur laquelle ils ont gravé son nom et les informations figurant sur ses plaques d’identification.

«Ils ont recouvert la tombe de fleurs, mais les Allemands les ont enlevées et ont informé le maire, M. Henri Dupuis, que des otages seraient pris s’elle étaient remplacées. Le lendemain matin, il y avait trois fois plus de fleurs sur la tombe et rien n’a été fait par les allemands en représailles.

«Il y a un autre héros dans le cimetière. un pilote français qui a perdu la vie lors de l’arrivée des Allemands en 1940. [le capitaine Jean Lacombe]

«Les Allemands ont regardé le village en ruine et ont été complètement déconcertés par l’honneur accordé à votre fils. Ils ne peuvent pas comprendre l’état d’esprit qui anime ces personnes. Leurs maisons ont été détruites, mais un acte pour la liberté avait été fait et ils en étaient reconnaissants.

«Ton fils est un grand héros à Remy. Vous pouvez être fier de lui.

« Sincèrement votre,

«Francis H. Griswold, brigadier général, commandant.

Le général Griswold en 1944


Dans cette lettre, le général américain fait référence à tort aux avions attaquants sous le nom de «Lightnings» (P-38) qui ont été utilisé par la 383ème escadrille. Cependant, quelques jours avant l’attaque, les P-38 avaient été remplacés par des Mustang P-51 (le 27 juillet).

L’explosion a également détruit des vitraux dans l’église de Remy, vieille de 700 ans, et notre collecte a permis de recueillir 200 000 dollars pour les remplacer. En effet, après l’explosion, les Français les ont remplacées les vitraux détruits par des simples vitres en verre blanc.

Il était tout à fait inhabituel que le général commandant de l’ensemble du commandement de la 8ème Air Force ait écrit une lettre au plus proche parent, car cette tâche déplaisante relevait généralement du commandant de l’escadron », a déclaré McCoy.

Gordon McCoy aux commandes de son P51D de retour de mission.

« À l’époque de l’attaque, on spéculait que le train était chargé de quelque chose de très important du point de vue stratégique, probablement du carburant pour fusées V1 ou V2. En tout état de cause, l’explosion a ressemblé à quelque chose que peu de gens avaient  vu auparavant et a été décrite par un observateur de haute altitude comme un «nuage en forme de champignons», un an avant la première explosion atomique à Hiroshima.

Cinq décennies plus tard, on a entendu parler de l’histoire vécue à Remy à l’occasion du Veteran’s Day 1995. «Après la cinquantième réunion de l’escadrille, les anciens aviateurs ont décidé de créer une association à but non lucratif pour la restauration des vitraux de Remy et collecter environ 200 000 dollars pour remplacer les fenêtres de l’église », a déclaré McCoy.

«La ville de Remy va nommer le carrefour où le P-51 de Braly s’est écrasé Carrefour Houston Lee Braly. Elle dédicacera une plaque portant son nom sur la reconstruction du mur que son avion avait percé il y a 51 ans», a déclaré McCoy.

Plaque en honneur du pilote américain

Les cérémonies de lancement de l’opération ont été marquées de façon spectaculaire par le survol de deux chasseurs français Mirage, suivi d’un vol de F-15 de l’armée de l’air américaine dans la formation de disparus. Tandis que McCoy et ses compagnons d’escadrille ont apprécié cette commémoration, ils ont néanmoins poursuivi leurs efforts de collecte de fonds.

Gordon Mc Coy en 1944

« McCoy a déclaré lors d’une interview avec le Linden Herald (journal local) en 1995:

Vitrail dédié au pilote américain

«Notre objectif en restaurant les vitraux de l’église n’est pas tant de commémorer Braly, bien qu’il le mérite.. » Je crois que ce que nous essayons vraiment c’est de renforcer les liens d’amitié entre ceux qui aime la liberté en France et en Amérique et exprimer notre gratitude pour les efforts héroïques des habitants en faveur des aviateurs abattus au cours de la Seconde Guerre mondiale.

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Quel écrivain doué racontera un jour cette magnifique histoire comme il l’a fait dans son homélie le Père Claude Sinot, le 11 novembre 1995  le jour où le carrefour à l’endroit ou le lieutenant Braly s’est écrasé a été renommé en son honneur. Le père Sinot a été témoin de l’explosion alors qu’il était agé de 14 ans et vivait à proximité.

Article paru dans le Linden Herald en 2016

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Badge de l’escadrille

Badge du groupe de chasse

L’escadrille a eu 76 victoires homologuées. Gordon Mc Coy a remporté une victoire aérienne le 15 aout 1944 

Récit de la victoire de Mc Coy contre un BF 109 près de Francfort

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L’avion que piloté McCoy lors de sa victoire était celui immatriculé E au sein de la 383ème escadrille. C’est précisément celui-ci qui a été choisi par la maquetiste Heller pour le P51 Mustang


Maquette d’un Mustang de l’escadrille.